Dispositif de prévention
Le Général de Brigade Hervé Renaud (photo) nous présente les dispositifs de prévention mis en œuvre, en collaboration avec la LFA, pour lutter contre les incivilités et la violence à l'occasion des rencontres de football amateur. Sous-directeur de la sécurité publique et de la sécurité routière à la Direction Générale de la Gendarmerie Nationale, il évoque également l'identification des matches à risque.
La Gendarmerie Nationale est-elle impliquée dans des actions de prévention de la délinquance ?
"La Gendarmerie est une force militaire instituée pour veiller à la sûreté publique, assurer le maintien de l'ordre et l'exécution des lois. Il s'agit là de son cœur de métier. La prévention de la délinquance, qui s'inscrit dans un partenariat indispensable avec l'ensemble des acteurs publics, privés et associatifs, est consubstantielle à la mission générale de sécurité publique."
Quels sont les dispositifs de prévention mis en œuvre par la gendarmerie pour lutter contre les incivilités et la violence à l'occasion des rencontres de football amateur ?
"Les problèmes de violence, et au sens plus large les incivilités, concernent toutes les disciplines sportives et le sport amateur, au premier rang desquels le football. Quelle que soit sa forme (agression physique, verbale, atteinte aux biens), la violence affecte tous les acteurs : les arbitres, les dirigeants, les supporters, les spectateurs et les joueurs.
La Gendarmerie met en œuvre un dispositif spécifiquement tourné vers les jeunes dont l'action s'inscrit également dans la lutte contre toutes les formes d'incivilités et de violences dans le sport.
La Gendarmerie développe un dispositif de prévention à travers :
- les officiers "prévention – partenariat" : pierre angulaire du dispositif, l'officier "prévention – partenariat" est un officier adjoint du commandant de groupement, présent dans chaque département, chargé de concevoir, organiser et mettre en œuvre des actions de prévention de la délinquance.
- les brigades de prévention de la délinquance juvénile (BPDJ) qui, en liaison avec les brigades territoriales, concentrent leurs actions de sensibilisation et de prévention des violences au profit des mineurs. Les officiers "prévention – partenariat" ont toute latitude pour engager ces unités sur des actions d'information et d'éducation au profit des jeunes footballeurs et de leurs parents.
- les unités territoriales qui, grâce à leur ancrage local, connaissent bien la population de leur circonscription et en particulier les associations sportives et les joueurs ;
- les 500 formateurs relais anti-drogue (FRAD), spécialement formés pour conduire des actions de sensibilisation sur les dangers des conduites additives dont le dopage ;
- le réseau des référents dont celui des 3.300 correspondants "Gendarmerie – sécurité de l'école".
- les actions partenariales : en complément de la participation aux instances locales de sécurité, la Gendarmerie conduit des actions d'envergure locale ou nationale. Ainsi, le partenariat initié avec la Ligue de Football Amateur (LFA) permet d'associer les officiers "prévention – partenariat" à la formation délivrée aux responsables des clubs de Ligues régionales et de Districts pour les sensibiliser sur les rencontres à risques et les actions qu'ils peuvent conduire en matière de prévention de la violence et des incivilités en milieu sportif.
Au plan national, la coopération entre la gendarmerie et la FFF a été renforcée pour améliorer l'échange d'information afin de mieux lutter contre ce phénomène."
Comment identifiez-vous une rencontre de football "à risque" ?
"Une rencontre de football est considérée "à risque" à la lumière de données objectives, tels les conflits antérieurs entre deux équipes, la configuration du stade, l'horaire du match... Les réunions préalables de sécurité favorisent les échanges entre la gendarmerie et la FFF, au plan national comme à l'échelon local, et permettent la mise en œuvre de dispositifs de sécurité adaptés afin de prévenir les désordres qui pourraient résulter avant, pendant ou après le match du fait de l'attitude des joueurs, du public et des supporters.
Les officiers "prévention – partenariat" et les commandants de brigades territoriales sont les interlocuteurs directs et privilégiés des responsables de clubs de football pour tout ce qui a trait aux problèmes de sécurité dans et hors des stades ainsi qu'à l'identification des rencontres "à risques". La liste de ces correspondants de la gendarmerie est diffusée par la LFA aux responsables de clubs."
Des mesures individuelles peuvent-elles être prises pour interdire de stade les personnes les plus violentes ?
"En effet, des mesures individuelles d'interdiction de stade peuvent être prises. Elles sont de deux natures :
- d'une part, les interdictions judiciaires de stade : elles sont décidées par le juge pénal suite à des infractions dans ou à l'extérieur d'un stade dans le cadre d'une manifestation sportive (loi du 6 mars 1998 relative à la sécurité et à la promotion d'activités sportives). Les infractions vont de l'introduction d'alcool ou d'engin pyrotechnique à l'exhibition de signes ou symboles racistes ou xénophobes. La durée de l'interdiction peut aller jusqu'à 5 ans et des peines d'amende et d'emprisonnement sont également prévues.
- d'autre part, les interdictions administratives de stade (loi du 23 janvier 2006) : le préfet peut prononcer cette mesure pour une durée de 3 mois pour sanctionner tout comportement constituant une menace pour l'ordre public et une amende allant jusqu'à 3.750 euros peut être infligée.
Dans les deux cas, l'interdiction peut être assortie d'une obligation de pointage dans une brigade de gendarmerie ou un commissariat de police. Le football amateur doit conserver sa vocation de lien social et son caractère populaire. Il est donc de l'intérêt général de le protéger de toutes les formes de violences susceptibles de ternir à son image. La gendarmerie est donc aux côtés de tous ceux qui s'attachent à en assurer la pérennité."
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